Tuesday, November 8, 2011

des liens entre le comportement de l'entraineur, Ia
perception qu'ont les athletes de ces comportements
et les reactions des athletes au niveau des attitudes.
En ce sens, le Tableau III illustre les mesures pri-
Tableau III. Variables mesurees lors de l'ctape 2 du projet
de Smith et Smoll.
Entraineur
Comportement (CBAS)
Attitudes, croyances et
perception de l'entraineur
en fonction de sa philosophie
de l'entrainement
Perception de ses
comportemcnts
Perception de l'utilitc de
chacune des douze (12)
categories de comportement
pour l'atteinte de ses buts
Perception des buts
de !'athlete
Athlete
Perception du comportement
de l'entraineur en
fonction de chacune des
categories du CBAS
Amour pour le base-ball
Amour pour lc style de
«coaching» de l'entraineur
Amour pour l'entraineur
Degre d'accroissement
d'amour pour le base-ball
Estime de soi
Perception de son
habilete au base-ball
ses au pres de 23 entraineurs de jeunes base-balleurs
(N = 238) ages entre 8 et 9 ans, 17 entraineurs de
base-balleurs (N = 187) ages entre 10 et 12 ans, et
11 entraineurs de base-balleurs (N = 117) ages de
13 a 15 ans. A l'exception des observations colligees
par le biais du CBAS, les donnees furent colligees
par entrevues individuelles avec les athletes
et les entraincurs.
Un second resultat d'interet se rapporte au fait
que les base-balleurs d'ages differents semblent etre
centres sur des comportements bien specifiques de
l'entrai'neur. Notamment des analyses factorielles
. appliquees aux perceptions qu'entretiennent les
athletes relativement aux differentes categories du
comportement du CBAS revelent qu'au fur et a
mesure que l'age croi't, Ia perception des athletes
devient de plus en plus differenciee. Les athletes
L 'enfant et le sport 87
plus jeunes (8 a 9 ans) apparaissent tres scnsibles
aux fluctuations des comportcmcnts m!gatifs de
l'cntraineur; lcs athletes d'age intermediaire (10 a
12 ans) sont plus affectcs par les comportements
positifs et les encouragements; et les athletes plus
vieux (13 a 15 ans) semblent plus preoccupes par
les instructions et le comportement organisationnet
Un autre rcsultat tres interessant releve du fait
que les entraincurs sont limites dans leur habilete
a percevoir avec justesse leur propre comportement.
En effet, il n'y a qu'une correspondance tres faible
entre le nombre de comportements punitifs
manifestes et Ia perception qu'en .ant les entraineurs,
c'est-a-dire, les entraineurs qui, scion Ie
CBAS, demontrent le plus grand nombre de comportements
punitifs indiquent lors d'entrevues
qu'ils manifestent peu de comportements negatifs.
Par ailleurs, les athletes dirigcs par des entraineurs
plus positifs semblent entrctenir une estime
de soi plus elevce. Enfin, i1 apparait que le succes
objectif d'une equipe, soit le nombre de victoires
par rapport au nombrc de dCfaites, n'a pas
d'impact sur )'attitude qu'entretienncnt les joueurs
vis-a-vis de l'entraineur, si bien que les equipes
«gagnantes» n'aimcnt pas mieux leur entraineur
que les equipcs (( perdantes )), Globalemcnt, les
resultats du projet portent a croire que plus l'entraineur
est positif dans ses com!Jortemcnts, plus Ies
jeunes aiment le sport et sont motives pour y persister.
C'est done de dire que Ie comportement de
l'entraineur a une influence considerable sur les perceptions
et les reactions evaluativcs de jeunes
athletes.
A Ia lumierc de ces evidences, Smith et Small
(1980) se pencherent sur Ia formulation de recommandations
destinees a aider les entraineurs dans
leurs interventions. Specifiquement les recommandations
comportcmentales suivantes furcnt proposees:
- efforcez-vous de fcliciter les joueurs immediatement
a pres une performance desirable; egalement,
encouragez et appreciez !'effort fourni par
Ies athletes meme si cet effort ne mene pas toujours
a des succes en termes de performance;
- evitez de considerer les efforts des athletes
comme un acquis;
- efforcez-vous d'encourager un athlete suite a
une crrcur, tout en indiquant, de fa<;on positive, des
strategies pour ameliorer Ia performance;
- evitez de fournir des instructions techniques
de fat;on negative, hostile ou dure;
- cvitez de punir quand Ies affaires tourncnt
mal;
- tentcz de maintenir l'ordre en etablissant des.
le depart des expcctatives claires;
- evitez de forger une situation au vous devez
constamment menacer les joueurs afin de prevenir
le chaos;
- offrez souvent des instructions techniques;
- offrez souvent des encouragements, mais
assurez-vous que ceux-ci soient sinceres;
- montrez le bon exemple en vous effor<;ant de
vous concentrer sur le match;
- evitez a tout prix d'offrir des instructions techniques
et encouragements de fa<;on sarcastique au
dcgradante.
En somme, les etapes 1 et 2 du projet de Smith
et ses collegues indiquerent que le comportement
de l'entraineur peut affecter les attitudes et reactions
des athletes de fat;on bien precise. De plus,
des lignes directrices pour les entraineurs purent
aussi etrc formulees a partir de ces informations.
Ceci fait, Smith et Smoll virent Ia possibilite de passer
a Ia troisieme etape du projet qui consiste a
explorer Ia faisabilite et Ia pertinence de mettre sur
pied un programme de formation pour entraincurs.
Etape 3: deve/oppement d•un programme de
formation pour entraineurs
Lors de cette etape, Smith et Small (1982) firent un
effort concerte pour determiner s'il est possible de
modifier le comportement des entraineurs pour les
rendre plus efficaces comme intervenants. En ce
sens, 18 entraineurs de base-ball furent soumis a
une clinique de formation d'une duree de 2 h au
les directives proposees ci-haut furent exhaustivement
decrites et illustrees. De plus, pour unc
pcriode de 2 semaines, ces entraineurs furent observes
a l'aide du CBAS, et lc profit comportemental
enregistre leur fut communique. Puis, on les incita
a faire une auto-surveillance de leur comportement
afin de favoriser chez eux !'adhesion aux !ignes
directrices. Par Ia suite, les mesures prises.lors de
l'etape 2 (voir Tableau III) furent cnregistrees a
nouveau aupres de ces 18 entraineurs et leurs
joueurs, de meme qu'aupres de 13 entraineurs
n'ayant pas participe a Ia clinique de formation et
leurs athletes.
Les analyses statistiques effectuees a l'ctape 2
furent reproduites avec les nouvelles donnees
recueillies afin de determiner si le traitement experimental
avait eu un effet. II s'avcra que les cntraineurs
formes, par rapport aux autres, avaient un
profil au CBAS qui ctait fortement en ligne avec
les recommandations offertes en clinique. De
meme, les entraineurs formes furent evalues plus
positivement par leurs athletes en ce que ces derniers
temoignent les aimer plus. De fat;on analogue,
)'attraction interpersonnelle a l'interieur des
88 Lise Gauvin
equipes de ces memes entraineurs etait plus forte,
et ce, en depit du fait que ces equipes n'avaient pas
une meilleure fiche victoires/echecs. Egalement, Ies
athletes dirigcs par des entraineurs formes dcmontrerent
une estime de soi plus elevee. Ainsi, cette
derniere etape du projet permit a Smith et a Smoll
d'ctablir qu'il est possible d'implanter un programme
de formation des entraineurs qui soit efficace
et peu couteux. Enfin, ce type de programme
semble favoriser Ia communication et !'interaction
entraineur-athU:tes.
De plus, tout comme Ie pro jet de Scanlan eta/.,
Ie projet de Smith et Smoll semble avoir incite
d'autres chercheurs a se pencher sur Ia meme problematique
des relations entraineur-athletes. Par
exemple, Brunelle et ses collegues de l'Universitc
Laval ont realise une traduction et adaptation franc;
aise du CBAS, ouvrant ainsi de nombreuses avenues
de recherche aux chercheurs francophones. A
cet egard, une etude menee au pres d'entraineurs de
hockey revele que ceux-ci demontrent un profil de
comportement distinct de ceux manifestes par
l'echantillon de Smith et Smoll (1978), a savoir
beaucoup plus punitif (Spallanzani, Brunelle et
Trempe, 1981). Les repercussions de cette trouvaille
pourraient ctre investiguees plus a fond dans une
etape ulterieure.
De meme, a partir des travaux de Smith et Smoll
(1978), Horn (1984a) etudia !'interaction
entraineur-athletes en s'inspirant de Ia litterature
portant sur l'effet des expectatives. Notamment,
dans une premiere etude (Horn, I984b) aupres de
72 base-balleuscs agees de 14 ans et de leur cinq
entraineu·rs, !'existence de l'effet Pygmalion fut
vcrifiee en contexte sportif. Specifiquement, a I' aide
du CBAS, le comportement de l'entraineur fut examine
en fonction d'athletes devant bien reussir
(expectatives elevees de performance) et d'athletes
devant moins bien reussir (expectatives faibles).
Contrairement a !'hypothese, les resultats indiquerent
que les joueuses perc;ues comme etant moins
douees recevaient plus d'encouragcment et d'instructions
techniques correctives que leurs homologues
plus habiles.
Ensuite, dans une deuxieme etude (Horn, 1985)
effectuee aupres du meme echimtillon, )'influence
du comportement de l'entraineur, telle que mesuree
par Ie CBAS, sur Ie developpement de Ia perception
de competence fut etudiee. Les resultats
revclerent que Ie niveau d'habilete sportive atteint
par !'athlete au cours de Ia saison constituait le
determinant le plus important de )'evolution de Ia
perception de competence, mais que le comportement
de l'entraineur exerc;ait aussi un impact.
Notamment, une retroaction critique et contingente
a Ia performance de !'athlete favorisait le developpement
d'une perception de competence positive.
Ainsi, une meilleure comprehension du role de
l'entraineur dans le developpement du jeune a pu
ctre atteinte.
En somme, le secteur de recherche initie par
Smith et Smoll a lui aussi contribue a expliquer certains
processus psycho-sociaux se manifestant en
contexte sportif. De meme, !'interet d'autres chercheurs
semble avoir ete pique, de sorte que Ia dynamique
des relations entraineurs-athletes est, et sera
eventuellement, mieux connue.
La motivation d'accomplissement en contexte
sportif: victoire/ defaite, reussite personnelle
ou approbation sociale
Origines et fondements theoriques
Un autre secteur ayant fait !'objet de plusieurs
recherches empiriques est celui developpe par Glyn
Roberts ct ses collegues de l'Universite d'Illinois.
L'enscmble des travaux porte sur Ia motivation
d'accomplissement chez de jeunes athletes (Roberts,
1984). La question centrale est de determiner si le
sport constitue un lieu de developpement d'attributs
personnels desirables tels le sens de responsabilite
et Ia discipline, Iesquels attributs meneraient
eventuellement l'individu a viser divers accomplissements
dans d'autres secteurs de sa vie. Parallelement,
le probleme d'insister sur les consequences
intrapersonnelles des succes et echecs decoulant de
ces tentatives d'accomplissement fait partie integrante
des preoccupations de ces chercheurs.
En outre, afin d'etablir Ia viabilite de poursuivre
I' etude de Ia motivation d'accomplissement en
contexte sportif, Roberts el a/. ont d'abord etabli
conceptuellement et empiriquement en quoi l'examen
de Ia motivation d'accomplissement est pertinente.
A cet egard, trois elements furent identifies.
Premierement, Ia situation sportive peut ctre per~ue .
comme un contexte d'accomplissement, car elle est
conforme ala plupart des definitions d'accomplissement.
Notamment, dans ces situations,l'individu
cherche a atteindre un but (vaincre l'opposant),
lequel but peut etre evalue en termes de succes et
d'echec. De meme, il existe un caractere evaluatif
a ce processus en ce que Ia performance de l'individu
implique est jugee comme adequate ou inadequate
en fonction du but a atteindre.
Deuxiemement, des evidences empiriques (Duda,
1981) indiquent que le contexte sportif constitue le
domaine prefere d'accomplissement des adolescents
-~--~----- --- --~-~-----------1
L 'enfant et le sport 89
masculins aussi bien que feminins. En ce sens, des
adolescents provenant d'ecoles secondaires temoignent
en faveur du fait qtie le succes sportif leur
est plus significatif que le succes academique et que
l'echec sportif leur est plus penible que l'echec academique.
Troisiemement, du fait que Ia participation
sportive n'est pas obligatoire, d'importants
indices comportementaux de Ia motivation telles Ia
persistance et l'intensite, peuvent etre scrutes sans
etre confondus avec d'autres facteurs.
A Ia lumiere de cet enonce de pertinence, Roberts
et ses collegues se chercherent des assises conceptuelles
pour leurs recherches. Or, parmi les approches
a Ia motivation d'accomplissement (Bandura,
1977; Harter, 1978; McClelland, 1951; Maehr,
1979; Maehr et Nicholls, 1980; Weiner, 1979,
1980), Roberts et a/. s'inspirerent de !'approche
cognitive a l'accomplissement de Maehr et Nicholls
(1980) et des concepts de competence mis en avant
par Bandura (1977) et Harter (1978). Ainsi, leurs
travaux procederent en deux etapes. D'une part, ils
tracerent Ia signification subjective du succes et de
l'echec en contexte sportif. D'autre part, ils tenterent
de jauger !'impact du succes et de l'echec sportif
sur Ia perception de competence et Ia persistance
dans Ie sport chez les jeunes athletes.
Signification associees au succes et a l'echec
En accord avec les propos emis par Maehr et
Nicholls (1980), Roberts et a/. reussirent a identifier
!'existence de differentes significations reliees
au succes et a l'echec en contexte sportif (Duda.
1981; Ewing, 1981). C'est~a-dire, par le biais d'etu~
des sur le terrain, au mains trois buts d'accomplissement
furent cernes. D'abord, il semble que
certains athletes s'impliquent dans les activites spar~
tives pour demontrer leur competence. Ces jeunes
sont dits orientes vers Ia demonstration d'habilete.
Ensuite, d'autres participants portent leurs efforts
vers le perfectionnement de Ia tache. Ceux-ci sont
preoccupes par Ia maitrise de l'activite. Finalement,
un groupe plus limite de jeunes semblent etre inci~
tes a Ia pratique sportive pour !'approbation sociale
qu'ils en retirent. Ces athletes recherchent a etre
encourages pour leur effort et a faire reconnaitre
leur valeur personnelle. Ace niveau, il semble aussi
exister certaines tendances developpementales.
Notamment, plus les athletes vieillissent, plus leperfectionnement
de Ia tache devient important et
mains !'approbation sociale devient predominante.
Ainsi, un resultat important obtenu suite aux travaux
de Roberts eta/. est celui de corroborer !'existence
de plusieurs significations subjectives
associees au succes et a l'echec.
Succes!echec et perception de competence
A Ia lumiere de ces travaux, Roberts et a/. tentent
actuellement de determiner !'influence de Ia reussite
et de l'echec sportifs sur Ie sens de competence
et l'estime de soi qu'entretiennent les jeunes athletes
et en quai ceci peut affecter leur persistance ou
leur desistement en contexte sportif. A cet egard,
les travaux preliminaires laissent croire a !'existence
d'un tel lien, a savoir que des recherches menees
par Roberts eta/. (1982) indiquent que Ies decrocheurs
sportifs ant une perception de competence
plus faible que leurs homologues qui continuent a
persister.
En somme, le secteur de recherche developpe par
Roberts eta/., bien que plus recent que les travaux
de Scanlan, et Smith et Small, offre des perspectives
psycho-sociales innovatrices pour !'enfant en
contexte sportif. En ce sens, les travaux entrepris
offrent Ia possibilite d'acquerir une meilleure connaissance
des processus sous-jacents a Ia participation
sportive du jeune athlete.
La motivation a Ia competence: vers une meilleure
comprehension des effets du sport sur
)'enfant
Un quatrieme secteur de recherche ayant ete initie
depuis peu, se rapporte a !'etude de Ia motivation
a Ia competence. Les chercheurs impliques (Feltz,
1985; Feltz et Brown, 1984; Gauvin, 1982, 1983;
Hornet Hasbrook, 1984; Weiss, 1984; Weiss, Bredemeier
et Schewchuk, 1984, 1985) s'inspirent du
modele de Harter (1978, 1981a,b) relie a Ia motivation
a Ia competence. Ce modele tente d'elucider
Ia dynamique sous-jacente aux comportements
qui satisfont le besoin, issu du systeme nerveux central,
de se sentir competent et autodetermine, tout
en tra~ant le cours developpemental et les influences
socialisantes y etant reliees. A cet egard, Ia question
de savoir en quai ce modele est pertinent au
contexte du jeune sportif s'eleve. II est generalement
accepte que les activites sportives ne s'effectuent pas
dans le but de satisfaire des besoins primaires tels
Ia faim, Ia soif, Ia libido et l'evitement de Ia douIeur.
En outre, on intuitionne que les activites
physiques et sportives constituent un moyen
d'actualisation de soi ou de se sentir bien dans sa
peau. La pertinence de ce modele devient alors
d'emblee apparente: si les activites sportives soot
effectivement un moyen de se sentir competent et
autodetermine et que le modele de Ia motivation a
Ia competence explique les processus sous-jacents
a ce besoin de competence, alors il semble pertinent
-------~~------
90 Lise Gauvin
de vouloir l'appliquer au phcnomene sportif. II
pourrait en rcsulter une meilleurc comprehension
de )'influence de Ia participation sportive sur
!'enfant.
La plupart des travaux rattachcs a ce modele
conceptuel ont ete voues au perfectionnemcnt ct a
)'adaptation d'instruments de mesure au contexte
sportif (Feltz ct Brown, 1984; Gauvin, 1982; Weiss
et a/., 1985). En ce sens, des donnees existant dans
Ia litterature ont pu etre reproduites. Par excmple,
Ia correlation imparfaitc entre Ia competence pcr~
uc et Ia competence telle que mesuree objcctivemcnt
a etc verifiee en contexte sportif (Feltz et
Brown, 1984; Gauvin, 1982; Horn, 1985) et Ia
structure factorielle dcrivee de !'analyse des donnees
relatives aux orientations motivationnelles a
pu etrc affinee (Weiss eta/., 1985). Ainsi, bien que
ce secteur de recherche ne soit qu'a un etat
embryonnaire, les rcsultats preliminaires laissent
entrevoir Ia possibilite de recueillir plusieurs
connaissances nouvelles qui augmenteront notre
comprehension de !'experience sportive du jeune
athlete.
Pourquoi faire du sport: Jes motifs de partici·
pation du jeune athlete
Par opposition aux pro jets decrits precedemmcnt,
Ia recherche portant sur les motifs de participation
est quelque peu fragmentaire. La raison principale
en est que cet ensemble de recherches ne peut etre
associe a un seul groupe de chercheurs mais bien
a plusieurs investigateurs reuvrant dans des endroits
tres eloigm!s geographiquement. II n'en demeure
pas moins que les donnees recueillies ont fourni de
precieuses descriptions des raisons suscitant Ia participation
sportive de jeunes athletes. En ce sens,
une breve recension de ces ecrits sera presentee.
La notion de motif de participation se rapportc
a Ia composante direction de Ia motivation. La
composante direction se refere simplement a
I' approche ou a I'cvitcment d'unc activite ou encore
a Ia reaction positive ou negative qu'exprime un
individu face a une activitc. Consequemment,
lorsqu'on s'attarde a !'aspect direction de Ia motivation,
des questions telles « Pourquoi un individu
choisit-il de participer a un sport plutot qu'a une
autre?», « Quelles sont les raisons qui expliquent
Ia participation a une activite plutot qu'a une
autre?», et « Quels aspects de Ia situation sportive
et competitive sont per~us comme ctant positifs
et/ou negatifs par les athletes?», s'clevent. Les etudes
empiriques portant sur les motifs de partjcipation,
ou plus specifiquement les raisons avouees par
les athletes de leur participation, permettent en partie
de repondre aces questions concernant !'aspect
directionnel de Ia motivation.
Par exemple, dans une etude menee au pres de 425
jeunes hockeyeurs canadiens, ages de 11 a 14 ans,
Richard Alderman et Nancy Wood (1976) de l'Universite
d' Alberta, trouverent que !'affiliation, le
stress et !'excellence constituaient trois des aspects
Ies plus importants de Ia situation sportive pour ces
jeunes. Plus specifiquement, ces athletes percevaient
leur participation sportive comme favorable
a Ia creation et au maintien d'amities (affiliation).
De plus, ceux-ci estimaient que l'activite sportive
leur fournissait !'occasion de devenir trcs habiles
(excellence) a une tache particulierc, ct cnfin que
Ia pratique sportive constituait une experience excitante
(stress). Globalement, pour cet echantillon de
jeunes, l'affiliation, !'excellence et le stress semblent
expliquer en grande partie Ia composante direction
de leur motivation.
Dans une etude menee par Diane Gill et a/. de
I'Universite de Iowa (1983), Ies motifs de participation
de 720 gan;ons et 418 filles inscrits dans une
ecole d'apprentissage sportif estivate furent inventories.
L'amelioration d'habiletes constituait Ia raison
primordiale de leur participation. Par ailleurs,
chez les gar~ons, !'amour du defi, l'amour de Ia
competition, le desir d'avoir du plaisir et le desir
d'apprendrc de nouvelles habiletes semblaient constituer
d'autres motifs influents, alors que le desir
d'avoir du plaisir, Je desir d'apprendre de nouvelles
habiletes, Ie desir d'etre en bonne forme physique
et I' amour du defi representent d'autre motifs
dominants chez les filles.
Plus recemment, Michael Passer (1982) de l'Univcrsite
de Washington trouva qu'un groupe de 316
joueurs de soccer masculins ages de 10 a 15 ans
voyait comme primordiaux les motifs suivants:
d'avoir du plaisir, d'exceller a une activitc, d'aimer
Ia competition, d'apprendre de nouvelles habilctes
et d'aimer le defi de Ia competition. De plus, les
joueurs plus jeunes estimaient comme plus influentes
des raisons telles que les recompenses, Ia popularite,
Ia volonte des parents et des entralneurs, le
statut et Ia reconnaissance, !'utilisation des facilites
et Ia liberation de Ia tension.
Dans une autre etude mence par Len Wankel et
Phil Kreisel (1982) de l'Universite d' Alberta, tes raisons
expliquant Ia participation sportive de 320
joueurs de soccer, 343 joueurs de hockey et 176
joucurs de base-ball furcnt examinees. Parmi les
motifs cotes comme fondamentaux, on compte
!'amelioration d'habiletcs, Ia comparaison de ses
habiletes a celles des autres, l'accomplissement personnel,
le va-et-vicnt et l'action. De plus, chez Ies
L 'enfant et /e sport 91
athletes plus jeunes, faire plaisir aux aut res et faire
partie d'une equipe semblaient etre plus importants,
alors que les athletes plus ages accordaient une place
prioritaire a l'action et au va-et-vient.
De meme, Daniel Gould, Deborah Feltz leurs
associes (1981) de l'universite d'etat du Michigan
colligerent des donnees aupres de 365 nageurs et
nageuses ages entre 8 et 19 ans afin de cerner les
raisons pour lesquelles ces nageurs faisaient de la
competition et de determiner sides nageurs d'age,
de sexe et de niveaux d'experience differents entretenaient
des motifs de participation particuliers. Les
n!sultats de cette etude revelerent que d'avoir du
plaisir, de rester en forme, d'etre en bonne condition
physique, d'ameliorer ses habiletes, d'aimer
I' esprit d'equipe et d'aimer le defi constituaient les
six motifs Ies plus importants pour ce groupe de
nageurs. Par ailleurs, Gould, Feltz eta/. trouverent
que les filles percevaient Ie motif d'amitie comme
etant plus dominant que les gar~ons, que les nageurs
moins ages evaluaient les recompenses, Ia victoire
et le statut comme etant plus importants, et que les
nageurs moins experirrientes accordaient plus
d'importance au developpement d'habiletes.
Enfin, dans une enquete mem!e par Gauvin et
Halliwell (1982), les motifs de participation d'un
groupe de 256 nageurs fran~ais et anglais de la
region de Montreal et ages entre 8 et 18 ans furent
scrutes. Dans l'ordre, ce fut les motifs de bonne
forme physique, de developpement d'habiletes,
d'esprit d'equipe, de ma'itrise et de defi qui primerent.
De plus, relativement aux differences culturelles,
il fut trouve que les francophones accordaient
plus d'importance aux motifs de stress, d'esprit
d'equipe, d'affiliation et de bonne forme physique
que les anglophones. De meme, les nageurs plus
jeunes voyaient comme plus fondamentaux les
motifs de succes et d'esprit d'equipe. Par ailleurs,
les nageurs de calibre plus eleve per~oivent generalement
Ia maitrise et le defi comme plus importants
que les nageurs de plus faible niveau.
Plus recemment, Passer (1983) et Wankel et Kreisel
(1985a, b) ont tente de pointer quelques considerations
theoriques et methodologiques devant
etre ponderees dans les etudes portant sur les motifs
de participation. D'une part, Passer (1983) souligne
Ie fait que Ies buts descriptifs a Ia base de ces
recherches sont bien identifies, mais qu'aucun
modele plus globalisant n'est mis en avant pour
encadrer les recherches. A cet egard, celui-ci tente
actuellement de tracer Ie lien entre ces motifs et le
stress vecu par de jeunes athletes. D'autre part,
Wankel et Kreisel (1985a, b) ont demontre que differentes
methodes de mesure des motifs de partici-.
pation menent a des resultats differents. Or, ceux-ci
mettent en garde les chercheurs vis-a-vis des repercussions
possibles de !'utilisation d'instruments de
mesure specifiques.
En somme, les etudes portant sur les motifs de
participation, tout en etant de nature mains ambitieuse
que les projets decrits precedemment, ont
produit plusieurs informations descriptives utiles.
Notamment, les aspects de Ia situation sportive qui
sont per9us comme importants par les athletes, et
en !'occurrence, qui vont les attirer vers une activite
plutot qu'une autre, ont ete dtkrits. De meme,
des renseignements sur les facettes de Ia situation
sportive qui sont per~ues comme negatives, et done
qui favoriseraient le decrochage, ont pu etre colliges.
Finalement, Ia nature atheorique de ces recherches
semblent preoccuper les chercheurs (Passer,
1983) qui tentent actuellement d 'y associer un cadre
conceptuel. Encore une fois, une meilleure connaissance
des perspectives psycho-sociales du phenomene
de I' enfant et du sport pourra etre saisie par
le biais de ces travaux.
Perspectives futures
Par voie sommaire, il est utile de mettre en relief
les points caracteristiques de Ia recherche portant
sur !'enfant et Ie sport:
- chaque courant de recherche tente d'eclairer
une facette specifique du phenomene social de
!'enfant en contexte sportif et, en quelque sorte, est
dote d'une pertinence sociale;
- chacune des avenues de recherches (a une
exception pres) s'appuie sur des assises theoriques
solides et, en l'occurence, Ia pertinence scientifique
des travaux semble etre assuree;
:.. Ia plupart des recherches empiriques s'effectuent
sur les plateaux sportifs et sont de type correlationnel,
fournissant ainsi aux donnees une
validite ecologique appreciable.
A Ia lumiere de ces generalisations, quelques
perspectives futures peuvent etre degagees. D'une
part, !'application d'autre modeles conceptuels au
contexte du sport pour Ies jeunes semble justifiee.
Par exemple, Ia litterature sur les motifs de participation
indique que les jeunes considerent les relations
amicales developpees en contexte sportif
comme importantes et aussi qu'ils valorisent leur
appartenance a des groupes sportifs. En outre, les
travaux relatifs au developpement d'amities chez
les jeunes (Gallimore, 1981; Siegel, 1982) pourraient
etre appliques au contexte sportif, de meme
que pourraient I'etre les formulations portant sur
les phenomenes de groupes (Carron, 1982; Cartwright
et Zander, 1968). Des applications de ce
92 Lise Gauvin
genre pourraient clucidcr le role et !'influence des
motifs d'affiliation dans !'experience sportive du
jeune. De fa~on analogue, les formulations relatives
au concept de justice (Lerner et Lerner, 1983)
et d'equite (Walster, Walster et Berscheid, 1978)
pourraient expliquer comment Ia notion de justice/
injustice se vit en milieu athletique et queUes
en sont les consequences (Mark, Bryant et Lehman,
1983).
D'autre part, comme le soulignent Smith ct Small
(1978) une utilisation plus diversifiee des outils
mcthodologiques devrait preoccuper les chcrcheurs
dans les annees a venir, car Ia litterature existante
est fondce presque uniqucment sur des etudes sur
le terrain oil on utilise quasi exclusivement des questionnaires
papier-crayon pour colligcr les donnees.
A cet effet, les travaux de Vallerrand, Deshaies et
Cuerrier (1985) portant sur Ia notion du «fair-play»
ou «Sportsmanship» illustrent bien le genre de
demarche a entreprendre. En s'inspirant du modele
de Ajzen et Fishbein (1980), ces chercheurs ont utilise
des etudes sur le terrain et en laboratoire, et
entreprennent actuellement des experiences sur le
terrain pour mieux connaitre !'interaction entre differentes
attitudes, normes, influences socialisantes
et facteurs contextuels sur Ia prediction de !'intention
comportementale en cc qui a trait au sportsmanship.
Leurs resultats actuels demontrent Ia
viabilitc et les avantages d'utiliser des approches
methodologiques varices.
En guise de conclusion, il semble opportun de
rcvenir a nos propos de depart. II avail ete mis en
avant que Ia participation sportive chez !'enfant
constituait un phcnomcne social d'cnvergure, mais
que les processus psycho-sociaux sous-jacents
etaient peu connus. Nous persistons a croire que
les connaissances disponibles a cet effet ne permettent
pas de trancher Ia question. Des phenomenes
tels le role des parents dans !'experience sportive,
!'influence des facteurs culturels, l'interaction des
normcs sociales, attitudes et valeurs du jeune athlete,
le rOle de I' affiliation des perceptions de justice
et bien d'autres restent encore sans reponses.
Par contre, a Ia lumiere des travaux exemplaires de
Scanlan, Smith et Smoll, Roberts eta/., Feltz eta/.,
et des chercheurs voues a I' etude des motifs de participation,
il n'apparait pas temeraire d'accepter
que nous sommes en voie de decouvrir et de comprendre
Ies processus sous-jaccnts a !'experience
sportive du jeune participant. Ultimement, des
recherches cmpiriques de ce genre contribueront a
enrichir le bassin de connaissances en psychologic
sociale.